À la découverte de l’histoire de la Protection Judiciaire de la Jeunesse

Les étudiants de première année d’éducateur Spécialisé (ES1) du Centre de Formation Saint-Honoré ont eu l’opportunité de visiter le Musée de la Protection Judiciaire de la Jeunesse à Savigny-sur-Orge. Accompagnés par l’intervenante Séverine d’Art, ils ont plongé au cœur de l’histoire de la justice des mineurs en France, depuis la création des centres d’observation en 1945 jusqu’aux années 1970.

Cette immersion dans un lieu authentique, autrefois dortoir des mineurs accueillant près de 25 000 jeunes, a permis aux étudiants de mieux comprendre l’évolution des dispositifs de prise en charge des mineurs en conflit avec la loi. Le site, initialement une ferme de Champagne, fut acquis par le ministère de la Justice en 1945 pour devenir un centre d’observation destiné à l’évaluation des jeunes en difficulté.

Un moment fort de la visite a été la découverte des archives historiques du centre, qui témoignent des parcours de vie de milliers de jeunes passés par cette institution. Ces documents permettent aujourd’hui de retracer les différentes étapes de l’évolution de la justice des mineurs et de nourrir la réflexion sur les pratiques actuelles en matière de protection de l’enfance.

La visite a également abordé des thèmes majeurs comme l’ordonnance de 1945, la réforme de la justice des mineurs, ainsi que les conditions de vie et les mesures disciplinaires appliquées à l’époque. Le passage dans le « mitard », cellule d’isolement autrefois utilisée pour punir certains jeunes, a suscité de nombreuses interrogations et débats parmi les étudiants.

Mais cette histoire de la justice des mineurs ne commence pas en 1945. Les étudiants ont également été amenés à réfléchir à l’héritage des institutions précédentes, en remontant jusqu’à la première prison pour enfants : la Petite Roquette (1836-1930). Conçue comme une institution révolutionnaire pour l’époque, avec une architecture panoptique et un enfermement cellulaire individuel, elle incarnait l’idée d’un progrès dans le traitement des mineurs délinquants. L’objectif était alors de ne plus mélanger les enfants avec les adultes et de leur offrir un cadre distinct des prisons traditionnelles. Cependant, la réalité fut toute autre : l’isolement total, prévu initialement seulement pour la nuit, fut imposé 24h/24, provoquant rapidement des révoltes dès le premier hiver à cause des conditions extrêmes.

Ce retour sur les premières institutions de placement judiciaire a permis d’interroger la notion d’éducabilité des jeunes, longtemps perçus comme irrécupérables et incapables d’être éduqués. Pourtant, au fil des siècles, les pratiques ont évolué, témoignant d’une volonté toujours renouvelée de repenser l’accompagnement des mineurs en difficulté.

Au-delà de l’aspect historique, cette sortie éducative s’inscrit pleinement dans la formation des futurs éducateurs spécialisés. Elle leur permet de développer une compréhension plus fine des politiques de protection de l’enfance et de mieux appréhender les enjeux contemporains de leur futur métier. Comprendre d’où viennent ces dispositifs, quels étaient leurs objectifs et pourquoi certains ont échoué est essentiel pour envisager les meilleures pratiques de demain.

Une expérience enrichissante qui, sans nul doute, marquera durablement leur parcours de formation et leur engagement dans l’accompagnement des jeunes en difficulté.